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Parle en français stp. (07/10/2007 - 20:57) << Précédent - Sommaire - Suivant >> Chapitre 75 : Le machiavélisme d’AghanimPeu avant le Grand Chaos Château royal L’imposante salle totalise deux cents mètres sur quatre cents mètres. Elle comporte des dalles en damier noir et blanc, des colonnes sculpté comme des palmiers, des vitraux aux couleurs légers et au style agréable à regarder. Deux grandes portes d’un même mur agrémentent le tout. Au milieu de la salle, une forêt de sièges a déjà poussé. Un seul arbre au milieu de la forêt : une simple table. Ce jour là se réunit une réunion extradordinaire. Réunion qui compte le roi, Aghanim (qui porte une longue robe avec capuche cachant entièrement son visage et ses mains ; d’ailleurs, personne, pas même le roi, ne connaît la véritable apparence du sorcier), plus de nombreux notables, dont Warguere, siégeant. En face du roi, trois rangées de notables, la rangée de gauche, celle du milieu et de droite. Perdu parmi les rangées et le roi, un seigneur prononce un discours destiné à argumenter sur un sujet précis et grave. Le seigneur a le visage rongé par l’obésité, les cheveux grisonnants, un embonpoint qui aurait été capable de tuer un cheval, des petits yeux perçants, une main difforme. Malgré son aspect repoussant, c’était un redoutable orateur très réputé dans tout Hyrule. Et c’est pourquoi tout le monde a l’oreille très attentive sur les propos de ce gros bonhomme hylien. L’orateur, selon son habitude, parcourt de long en large comme pour haranguer des hésitants, des opportunistes, des nonchalants… Il poursuit, il poursuit, faisant monter l’adrénaline du vocabulaire : horreur, dramatique, angoisse, attention… « … Seigneurs, donc écoutez moi encore une fois ! Je vous le répète. Une dangereuse agitation sourd à l’orée de notre merveilleux royaume. Une agitation fiévreuse, horrible, dangereuse pour le corps et pour l’esprit est en train de mener à long terme, que dis-je à long terme !, notre pays à la ruine ! Oui, je vous le dis ! Une bande de hors-la-loi terrorise de paisibles sujets de Sa Majesté. Je ne doute pas cependant que Sa Majesté prenne des précautions promptes à punir les rebelles et à récompenser les fidèles. Oui… J’ignore les raisons des cruautés de ces hors-la-loi ! Mais lorsqu’il y a grave danger, il vaut mieux ignorer les raisons. En effet, à force de rechercher la trace de ces raisons, on tergiverserait et on donnerait du crédit puissant aux sinistres rebelles ! Voulez-vous laisser faire les rebelles selon leurs propres plaisirs ? Non, non, et non, je vous le dis ! C’est pourquoi je m’adresse humblement à la sagesse du roi et je supplie Sa Majesté de bien vouloir entendre mes plaintes. Je crois avoir tout dit. » En fait, les hors-la-loi étaient des paysans et des ouvriers mécontents des décisions économiques prises par le roi selon les conseils d’Aghanim. Le sorcier prétend rétablir une certaine égalité économique en faveur des artisans, des marchands mais en fait, il rééquilibre une égalité pour mieux mécontenter et attiser ainsi la rancœur des catégories sociales précises. Il exagère pour cela une certaine disposition de ses mesures : tel prix sera exagéré par rapport à d’autres régions, certaines régions durement pénalisées par rapport à d’autres etc… Le tout discrètement et secrètement en laissant habilement entendre que le roi était la cause de tous ces malheurs. Aghanim savait que d’une simple goutte, peut accoucher un monstre bestial. Il avait deviné juste : de rares mécontents se transforment en hors-la-loi qui décrètent leur mainmise sur des richesses régionales. Prévenu, le roi aurait volontiers cédé aux revendications si Aghanim n’avait pas ajouté une deuxième option contestable. Le sorcier avait en effet sous sa houlette plusieurs soldats qu’il solde généreusement en échange de leur obéissance la plus stricte à leur seigneur. La conséquence se suit comme l’avait prévu Aghanim : ses soldats rançonnaient et menaçaient discrètement d’innocents gens. Il y eut même des meurtres perpétrés à l’abri de tout regard. La terreur discrète alimente les rumeurs les plus folles sur des habitants. La peur pousse les nouveaux rebelles à ravager le pays ouvertement et aux sus de tous. Il n’y a pas longtemps que cette rébellion s’était ouverte mais le seigneur obèse connaissait parfaitement les racines de la révolte. Il soutient en réalité Aghanim. Il espéra avoir de fortes compensations de sa part. Le sorcier les lui promit sincèrement. Une réunion était donc décrétée en urgence par le roi pour consulter ses sujets en vue d’une décision rapide. L’orateur pèse donc tout son poids pour pousser le roi à prendre une position contre les rebelles. Agahnim et l’orateur ont en réalité un autre objectif. Warguere, qui avait assisté au discours, en a la désagréable impression. Il est l’un des farouches opposants d’Aghanim. Un voisin assis près de lui lance : « Seigneur. J’admire ton discours et la pertinence de tes arguments. Cependant, ne crois-tu pas dramatiser tes propos ? Où sont les preuves de tes dires ? Tu nous avais affirmé qu’une personne importante se cacha derrière les hors-la-loi ? Et qu’elle était la principale instigatrice de la révolte ? Dis donc qui est cette personne à Notre Majesté. » L’orateur, prévoyant le coup, répond : « Patience. J’en viens au fait, sire. J’en viens au fait, seigneurs. Avant de dévoiler le nom de la personne, j’ai fait enquêter secrètement afin de séparer le coupable et l’innocent. J’ai fait mener une recherche par différents enquêteurs et la conclusion ne fait plus de doutes… Seigneur Hulos pourra vous le confirmer… » Seigneur Hulos est l’un des chevaliers sur qui le roi a totalement confiance. Il ne s’amuse jamais à inventer des fables. Il se bornait en fait à répondre aux questions de l’orateur. Celui-ci continue : « Votre Majesté, je vous demande humblement d’avoir votre avis sur la nature du châtiment à s’abattre sur le responsable des événements récents. — Seigneur Oroz, oserais-tu me pousser à te répondre alors que tu n’établis même pas le nom du coupable ? — Loin de moi de vous pousser à l’extrémité, sire !, s’incline humblement Oroz. — Je veux bien te répondre. Sache que je prononcerai la peine capitale et que je pardonnerai aux autres hors-la-loi, pourvu qu’ils ne se rebellent plus contre Hyrule à l’avenir. Un murmure de stupéfaction parcourt l’assemblée de notables. Il est rare qu’un roi prononce une sentence capitale, à plus forte raison que les coutumes du royaume ne permettent pas toujours aux autorités de prononcer la peine de mort. L’autorité du roi ne souffre pourant pas contestation. De plus, le roi est expéditif et têtu. L’orateur se fait alors remettre le parchemin par l’un de ses amis. Au fond de lui, il jubile mais il reste humble en remettant le papier sur la table posé devant le roi. Celui-ci reprend le papier et le lit. Son visage barbu devient pâle. De nouveau, de petits murmures d’interrogation. Le roi murmure : « La reine… » Des exclamations sautent jusqu’au plafond. Aghanim gémit hypocritement. Des notables savaient que la reine prit l’habitude de se réfugier dans sa deuxième résidence justement alors située dans un endroit habité par des rebelles. Mais que la reine aurait poussé les rebelles à la contestation, voilà qui était inconcevable. Hulos s’avance : — Sire. Plusieurs indices laisseraient croire que la reine était au centre du complot. Hulos fut trompé par de fausses informations propagées par des partisans d’Aghanim. Il mordit à l’hameçon. Oroz s’incline humblement en tenant le papier, signe qu’il demande un ordre à signer : — Sire. On vous demande humblement de décapiter la tête de la contestation. Nous n’attendons plus que votre autorisation royale. Le roi sait que s’il revient sur sa décision de faire mettre à mort le principal responsable de la révolte, il perdrait toute crédibilité et donnerait des encouragements aux hors-la-loi. Il regarde alors son deuxième chambellan (le premier est Aghanim) qui lui répond tristement : — Sire, il le faut. Hélas. — Ah. Que j’aurais aimé être illettré. Le roi signe sans trembler l’ordre de mise à mort. Résidence de la reine La reine est abasourdie. Un ordre lui est signifié de mourir séance tenante. Elle répond aux militaires : — Certes, il est vrai que j’habite dans un endroit fréquenté par des rebelles mais rien ne prouve que je sois leur inspiratrice. Un grand capitaine barbu (encore un partisan brutal d’Aghanim) répond : — Un ordre est un ordre ! La reine comprenant qu’il ne sert à rien de discuter, demande à parapher son testament. Le deuxième capitaine qui accompagne le barbu consent aimablement parce qu’il aime bien la reine. Le barbu grommelle : « Ouais ! Ouais ! Dépêchons ! » La reine a en réalité le but d’envoyer un signal secret au chef des Seikahs. Elle avait prévu avec lui qu’au cas où elle mourrait, elle enverrait un ordre discret. Normalement, les Seikahs doivent obéir au roi mais dans le cas où une reine serait la descendante directe de la lignée royale, les Seikahs lui obéiraient d’abord. La femme du roi utilise donc un cachet vert en le collant sur le testament. Le code ? Que le peuple de l’ombre se disperse et emmène secrètement sa fille avant qu’Aghanim ne la prenne sous sa coupe. Ceci fait, elle sort dehors. Elle vient de comprendre que le sorcier a encore influencé son mari. Devant des soldats, la reine avance pour être prête à mourir. Le capitaine barbu se sert de la vieille coutume abandonnée : un condamné pour traîtrise doit se dévêtir complètement afin de recevoir le coup mortel. En effet, la trahison ne distinguant plus le notable du pauvre, le chevalier du paysan, la mort d’un coupable avec des vêtements propre au rang social de chacun n’a plus lieu d’être. Le sergent s’indigne mais le barbu le fait taire brutalement. La reine, imperturbable, déclare : — Très bien. Je me soumets mais vous n’aurez jamais mon esprit. Elle se dévêtit complètement. Elle ne cache même pas son corps par dignité. Certains soldats rougissent de honte, persuadés qu’elle est innocente. Elle se baisse et dégage ses cheveux. L’épée du barbu s’abat froidement… Jardins du château Le roi est assis sur le banc en marbre, le regard vide, les mains entre les genoux. Il est triste. Un peu à l’écart, un groupe de proches du roi commente. Un jeune chevalier dit : — Regardez le. Nous savons que sire n’a jamais écouté les conseils de la reine mais il l’aime profondément. — Oui, chevalier Xavie. Le roi a trop écouté Aghanim ! Un autre seigneur s’avance en disant : — Certes mais à en juger par la mine soucieuse du roi depuis peu, il se peut qu’il soupçonne Aghanim. — Souhaitons que le roi retrouve la lucidité et qu’Aghanim meure à jamais. Caché derrière quelques arbres, Aghanim a tout entendu. Il grommelle. Il sait à présent qu’il vient de perdre petit à petit la confiance du roi. Que pouvais-je faire d’autre ? La reine était mon adversaire le plus dangereux. Elle avait compris que je n’étais venu que pour rechercher la Triforce. La reine savait que je recherchais le trésor des déesses, pas les autres ! Elle était près de convaincre le roi de mes machinations. Je mis alors au point un complot renversant la reine avec l’aide de mes alliés. Mais ma stratégie a un risque… Et… on dirait que la reine a gagné… Ce qu’elle n’avait pas su conquérir le roitelet de son vivant, elle le sut grâce à son décès… Je sais que je ne pourrai plus influencer le roi. Tant pis ! J’abandonnne donc mon projet de conquérir la Triforce directement. Cependant… Je renverserai bientôt le trône. Car je n’abandonne pas le secret espoir de séduire le seul homme capable de détenir le fragment de la force. Et il s’agit de Ganondorf… |
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