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Chapitre 56 : L’orpheline

Temps de Link

Les brumes s’élèvent enfin laissant entrevoir quelques îles. Ces îles n’intéressent pas la personne qui est assise sur une tortue sacrée, de la même race que l’autre qui avait été retrouvée morte sur les plages de l’île natale de Sagatt. Le soleil commence à percer les brumes de l’aube. Il est cependant concurrencé par la présence haineuse de l’œil géant. La tortue nage comme un dieu, avalant les distances qui restent à parcourir pour atteindre l’île sacrée des Seikahs. L’île où viennent méditer les Seikahs. Et pourtant, l’île n’a plus lieu d’être puisque la dernière représentante des Seikahs, Impa est morte voici des jours. Cela, une personne ne le sait pas.

La reine Zelda est assise sur la tortue.

Alors que Link était parti depuis un jour dans le passé, ses amis vaquaient à divers préoccupations, mais à vrai dire ils préfèraient se contenter d’attendre le retour du héros. Rafæli était resté avec les autres, Nuténa étant déjà rentrée chez elle. Elle avait cependant promis de revenir au château. Navi se rongeait les ongles, ou plutôt les ailes, très inquiéte pour son ami Link. Parfois, Zelda fut avec Navi, ou Sagatt avec la fée. Billo recherchait activement la moindre présence de la trace du trône dans les archives. Il espérait trouver un indice au cas où Link échouerait…

La reine était restée enfermée chez elle, conformément au rituel du deuil qui interdit à tout sujet rencontrant le nouveau roi ou la nouvelle reine durant une période déterminée. Elle méditait sur les dangers pesant sur Hyrule et savait que rien n’était comparable avec la terrible menace de Ganondorf, de là où il était apparemment emprisonné. Mais est-il vraiment emprisonné dans les spirales de l’espace-temps ? Et s’il s’était échappé ? Elle s’inquiétait de plus en plus pour Impa. Elle était sure que sa nourrice n’aurait pas manqué de venir en son aide car elle aurait vu la présence du fameux œil. Elle savait aussi qu’Impa reste parfois pendant longtemps sur l’île sacrée. Les devoirs des Seikahs sont plus sacrés que les préoccupations d’un habitant d’Hyrule. Enfin, Zelda avait appris qu’une partie d’Hyrule commençait à être inondée à cause des conséquences du réchauffement de l’iceberg géant provoqué par le mystérieux œil.

Puis, parvint enfin le signal du médaillon qui orne la poitrine de la reine. Le signal signifie l’appel d’Impa. Elle savait que sa nourrice voulait la voir tout de suite. Prévoyant les réticences fortes de Billo, du chambellan et des autres personnes du château, la reine décide de s’enfuir icognitio de sa demeure. A la faveur bénie de la nuit sans lune, Zelda s’était échappée du château à l’aide de ses dons de magie. Elle espéra qu’on s’apercevait de son absence que très tardivement. Et aussi qu’elle serait de retour avec Impa le plus vite possible. Sinon, une meute se mettrait à sa recherche. Ayant parcouru les distances, la reine avait appellée la tortue géante pour se faire transporter.

L’île est enfin en vue. Elle le reconnaît pour l’avoir visitée toute petite en compagnie d’Impa. D’ailleurs, le médaillon a pour particularité de signaler la présence de la Seikah en un endroit précis. L’ancienne princesse est vêtue en seikah. Comme dans le futur parallèle, elle s’est en effet travestie en guerrier seikah. A une différence près qu’elle n’a pas besoin de se couvrir le visage. Elle a donc toujours ses vêtements violets, la marque rouge de l’œil trônant sur la poitrine. Ses cheveux d’or sont ondoyés par le vent océanique. Elle s’occupe de remettre quelques mèches derrière les oreilles hyliennes. Elle se met debout et attend l’accostage.

L’aube est désormais terminée. Elle descend de l’animal qu’elle remercie. Elle hume la saveur du vent qu’elle aime beaucoup. Puis, elle parcourt du regard afin de scruter la moindre présence de sa deuxième mère. Elle sait que le médaillon est un des symboles du danger qui court sur Impa ou Zelda. Elle se meut sur la plage. Des crabes pondent toujours des œufs. Des sauterelles dévorent toujours des limaces vertes. Ne trouvant point d’Impa, elle commence à faire le tour de l’ile. Le médaillon l’aide dans sa quête, agissant comme une sorte d’aimant.

Elle grimpe quelques rochers. Les vagues combattent les fières pierres. Elle écarte quelques rares buissons, de plus en plus inquiéte. Et si sa nourrice se retrouvait prisonnière sur l’île ? Cela s’expliquerait pourquoi Impa avait arraché son médaillon. En effet, le fait d’arracher le bijou indique au destinataire un appel. Afin de ne pas faire d’erreurs d’ « appel » en arrachant involontairement le médaillon, l’appel met un certain temps à parvenir à son destinataire. Zelda savait donc qu’elle avait reçu son appel plusieurs temps après le geste d’Impa. L’ « aimant » se fait de plus en plus pressant. Intriguée, elle s’approche du lieu de la présence du médaillon qui se situe parmi des rochers qui ne peuvent pas cacher une personne, ni même le bijou au cas où l’ennemi le trouverait.

Elle s’approche alors de plus près pour en avoir le cœur net. Et… Elle est prise d’horreur en mettant ses mains sur sa tendre bouche, les yeux écarquillés.

Le médaillon se trouve bien sûr parmi les rochers mais en compagnie… des restes osseux, dont un crâne très abimé. La reine baisse les bras : découragement subite et début du désespoir. Elle reconnaît instinctivement sa nourrice bien-aîmée Impa parmi les os. Elle en est sure. Elle tombe brutalement à genoux. Se traînant à quatre pattes puis s’asseyant sur ses jambes, Zelda approche sa main tremblante sur le crâne. Aucun doute, il s’agit d’Impa. La certitude s’installant parmi les neurones, Zelda sanglote brutalement. S’ensuivant alors une pluie sur les os et surtout sur le crâne.

Pourquoi ? Pourquoi ? Et pourquoi ce médaillon est toujours avec Impa ???

Elle se calme. Elle peine à sécher ses larmes. Elle se ressaissit en tentant de devenir la sage, la détentrice du fragment de la sagesse. Elle réfléchit rapidement en mettant ses doigts sur les tempes de sa cervelle. Elle pense que l’ennemi s’était aperçu de la présence du médaillon. Comprenant son danger, l’ennemi avait sans doute ramassé le bijou pour le remettre en place parmi les os. A en juger par la poussière des os régnant depuis des jours et par le médaillon non souillé par la poussière, Zelda comprend que l’ennemi avait activé exprès le médaillon afin de l’amener sur l’île. Elle ne comprend pas alors comment l’ennemi peut connaître les dons des deux médaillons. Seuls ses parents, elle et sa nourrice en connaissent leur existence et leurs dons. Cela implique que l’ennemi soit un proche d’Impa, de ses parents… Elle sait pourtant que sa nourrice n’a jamais d’autres amis à part des Seikahs déjà décédés sans descendance. Elle n’aurait d’ailleurs jamais mentionné les pouvoirs du médaillon aux Seikahs. Les parenrts non plus n’en auraient jamais émis leurs confidences. Mais alors qui connaît l’existence des médaillons ? Et si…. Ganondorf en connaît l’existence ? Impossible… A moins qu’il n’ait alors le pouvoir de double vue qui permet d’espionner tout Hyrule… Elle frémit… Elle se rend compte en effet que les pouvoirs du seigneur du désert deviennent de plus en plus puissants et de plus en plus démoniaques. Elle sait cependant que ça pourrait être l’œuvre d’un autre ennemi plus dangereux et plus puissant que Ganondorf.

Pour le moment, elle pleurerait encore avant d’agir. Soudain des bruits de pas s’approchent des oreilles de la reine, une ombre s’étend sur la jeune femme. Une voix dit : « Princesse… ou reine Zelda… »

Zelda s’exclame doucement : « Vous… »

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