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Chapitre 39 : Le corps au fond du puits

L’intermède de l’iceberg géant terminé, Link et ses amis retournent au palais de Zelda. Le deuil interdisant à tout successeur de la famille royale de se montrer en public, la reine est restée cloîtrée, attendant le retour de ses amis. Elle s’inquiète de plus en plus pour Impa. Cela faisait des jours et des nuits qu’elle n’avait plus données des signes de vie. Cependant, je me dis que nos médaillons qui nous unissent nous contacteraient aussitôt dès qu’un problème s’est posé. Zelda met ensuite sa gracieuse et royale main sous son vêtement pour prendre un objet collé entre ses seins gracieuses. Elle sort son médaillon. Ce médaillon ne donnant pas des signes, elle n’a pas à s’inquiéter outre mesure.

Le retour attendu est arrivé au moyen du chant joué par Link. Ce retour ajoute un nouveau compagnon ou plutôt une nouvelle compagne : Nuténa, concubine de Rafaéli. Avec les marques de soumission, Nuténa à la peau mate s’incline gracieusement devant la reine Zelda qui lui souhaite la bienvenue. Puis celle-ci dit aux autres deux nouvelles qui les attendent durant leur absence. Primo, Sagatt doit aller au village Cocorico car un événement tragique s’y était passé récemment sans plus de détails. Secundo, elle vient d’apprendre la mort de Laulu, ami de Rauru, en ajoutant que l’ensemble des archives du temple de Laulu serait aussitôt transféré à la bibliothèque royale où Billo se ferait la joie d’analyser les archives.

Sagatt obéit aux ordres de Zelda, porte ses pas en priant Link et Veroga de l’accompagner. La fillette à la chevelure de feu refuse de les accompagner car elle a vécu toutes les aventures plutôt pas agréables. Elle préfère être en compagnie de Nuténa et des autres. Rafaéli bien sûr n’ira pas avec Sagatt, désirant être en compagnie de Nuténa. Et Navi ? Pour une chose très rare dans la vie en couple avec Link, elle prétend être curieuse sur les talents culinaires de Nuténa. En somme, Nuténa a dépouillé sans le vouloir Sagatt de son armada ! Link candide et courageux suit Sagatt.

Village Cocorico

On dit que le nom « Cocorico » vient d’une légende montrant le combat furieux des coqs s’affrontant en mêlée et piétinant de fragiles roses rouges. Le combat avait été si furieux qu’on voyait dans ce sinistre tragédie le signe que les dieux veulent que soit fondé le village en l’honneur de La Triforce. Mais c’était un repaire des seikahs, peuple de l’Ombre qui avait été établi avant la fondation du village… Le nom de « Cocorico » signifie peut-être que des Seikahs sont aussi courageux que des coqs.

Les herbes viennent d’être mouillés par une forte pluie. Il y a un peu de boue partout. Les poules s’étaient mises à l’abri et pondant pendant la pluie. Il y a un petit rassemblement autour du puits autour duquel on peut apercevoir Enqvus le petit enquêteur plumitif dont Sagatt se moque volontiers de lui. Enqvus, gratte nerveusement ses moustaches tirées à angle droit vers le haut, frappe son bâton sur le sol. Il regarde d’un air méprisant Sagatt qui s’approche du puits :

— Tiens comme le meurtrier est de retour… Je n’ai pas besoin de te dire que tu trouveras ta victime au fond du puits…

Les habitants se regardent entre eux dans un murmure général : Sagatt serait le meurtrier qu’Enqvus viendrait mettre la main dessus ? Le géant répond :

— Epargne moi tes insinuations bouseuses comme la vache qui ne sait pondre que de la bouse. Dis moi plutôt ce qui s’était passé.

Vaincu, Enqvus indique de sa tête le puits, invitant Sagatt à jeter un coup d’œil. Intrigué, celui-ci et Link jettent leurs regards dans le puits. Puis Sagatt émet un juron :

— Arnaqua !

Le fameux crapule aux cheveux courts et jaunâtres, le voleur du temple des Zoras verts, le manipulateur de la bibliothèque, le suspect potentiel des meurtres de Villo l’assistant de Billo, du maître chanteur et enfin du roi lui-même, l’ancien dépositaire de la liste des masques, git bel et bien au fond du puits au milieu des rochers. Son ventre est percé par une épée. Cette épée avait pénétré le dos d’Arnaqua avant de finir sur son ventre. Ce qui est inquiétant, c’est l’aspect du visage d’Arnaqua : ses yeux sont vitrés de peur, sa bouche est toujours ouverte comme s’il avait vu une chose d’aussi horrible et indicible à décrire.

Link se demande si c’est vraiment le fameux Arnaqua qu’a souvent décrit son ami Sagatt. Soudain, il perçoit encore la même tension haineuse et ricanante venue de quelque part. Discrètement, il se tourne sur lui-même en essayant de percevoir d’où vient la tension. Peine perdue car Sagatt vient de demander à Link de tirer le cadavre au moyen de la corde que vient d’enrouler un gars sur le corps.

Le corps sorti enfin du puits est allongé sur son flanc, évitant ainsi de casser l’épée qui s’était jolimment accroché à travers les entrailles. Enqvus devançant Sagatt ordonne l’autopsie du corps par le vétérinaire du palais royal. Sagatt, après avoir examiné le corps et au passage noté une curieuse impression que Arnaqua n’est pas Arnaqua sans savoir pourquoi, déclare à tout le monde présent dans Cocorico qu’il avait été diligenté par Sa majesté à enquêter sur ce meurtre. Cette dispostion oblige ainsi les personnes à répondre aux questions du géant. Devant la mine suspicieuse des habitants, Sagatt menace du regard Enqvus qui est obligé d’admettre la vérité. Ceci étant dit, les habitants se soulagent. Cependant, le géant demande aux habitants d’aller exactement à l’endroit pendant l’épisode du meurtre d’Arnaqua ce qu’acceptent avec bonne foi les habitants qui se dispersent.

— Tu vas apprendre ce qu’est une enquête, dit Sagatt mi-moqueur.

— D’accord, répond Link mi-naïf.

Sagatt décide de se porter à la rencontre du soldat préposé à la garde de la porte menant au Mont du Péril. Aux questions de l’ancien soldat îlien, le soldat affirme s’être resté en dépit d’une forte et douce pluie. Il avait entendu un bruit comme un cri de stupeur ou d’horreur quelque part. A la question de savoir pourquoi le soldat n’avait pas bougé son cul pour se porter aux origines du bruit, le garde répond que ce n’est pas son rôle de se mêler des affaires du village si toutefois ceux-ci en sont. Le géant laisse sur place le soldat en disant à Link que plus les Hyliens sont cons comme ce soldat, plus il comprend pourquoi Ganondorf avait facilement dominé le monde. Intérieurement, Link n’est pas de son avis car la curiosité du soldat est parfois du vilain défaut et non de l’idiotie mais il ne dit rien à Sagatt.

Les compagnons entrent dans l’ancienne demeure occupée par Impa et qui est alors occupé par la fille aux poules bleues, là-dedans ils se heurtent au mutisme du vieux bourru à la moustache blanche et qui ne fait que marmonner des reproches aux ouvriers du village. Devant la fermeté de Sagatt, le vieux chef du village veut bien répondre aux questions :

— Si vous voulez savoir ce que je faisais, j’étais devant ma maison, juste pas loin de la maison des araignées (à ce mot, il déglutit de dégout). Bref, j’étais un peu dehors et protégé par ma capuche à rester sur le seuil de la porte.

— Que faisiez-vous à cette heure ? Ce n’est pas l’heure appropriée à danser sous la pluie…, demande Sagatt.

— Je surveillais mes ouvriers ! Car ce sont des paresseux ! Oui, ce sont des paresseux ! L’endroit était appropriée car de là où j’étais, je pouvais surveiller les allées et venues des ouvriers non loin de l’entrée du village.

Puis devançant la question de Sagatt :

— Rien à craindre du côté du chemin du Mont du Péril et du cimetière car j’ai soudoyé le garde afin de surveiller les fuites inopinées des fainéants. D’ailleurs, vu comme ils sont si paresseux, ils ne seraient pas capables d’affronter la terreur des âmes du cimetière ! Nyark !

— Dans ce cas, qu’avais-tu vu ? Et avais-tu entendu du bruit ?, interroge le géant enquêteur.

— Pour ce qui est du bruit, ouais j’en avais entendu mais j’avais pris ce bruit pour une diversion à la con d’un ouvrier. Vous savez, je ne tiens pas à bouger ! En revanche, j’avais vu trois personnes inconnues du village y entrer. D’abord les deux premières personnes… Ensuite l’autre…

— Décris-les moi, ordonne Sagatt.

— Heu…, fait le vieux en se grattant le crâne. Une sorte de paysan d’après ses vêtements typiques de la campagne d’Hyrule… et… heu… un personnage vêtu d’une cape noire… Je crois… Oui c’est ça !

Immédiatement Link et Sagatt se regardent : ces mecs décrits par le vieux ressemblent étrangement à ceux qu’ils avaient surpris aux bois des mojos ! Puis, celui-ci interroge encore :

— Et l’autre ?

— Le cadavre, répond sans rire le vieux qui n’aime apparemment pas trop décrire un personnage.

— Combien de temps espacés entre les entrées de ces personnages ?

— Je dirais… une bonne demi-heure… Les premiers vennaient d’entrer au moment de la tombée de la pluie.

Sagatt remercie le vieux tandis que Link se demande les raisons de présence des deux compères apparemment sans rapport avec Arnaqua. Quant à Sagatt, il se dit que c’était trop beau ! Deux entrées en scène des compères qui sont ses suspcets ne pouvaient pas être fortuites ! Enfin, je préfère aviser plus tard en terminant mes interrogatoires.

Le groupe explore presque toutes les maisons au hasard, ne recevant que de banales réponses du type : non, on n’a rien vu, ni entendu, ou alors on a entendu mais ce n’est pas notre problème etc. Finalement, le duo décide d’entrer dans une maison au-dessous du magasin de l’apothicaire. C’était une maison d’accueil pour le père de Malon à l’époque future où Ganondorf terrorisait Hyrule. Là, ils ont des informations intéressantes. La grosse dame à la chevelure courte et désordonnée leur donne des indications suivantes :

— Monsieur, il faut dire que les deux personnes, un paysan et un capé noir étaient venus demander un peu de réconfort pendant une pluie de tonnerre. Je ne pouvais pas leur refuser un gîte pareil ! Mon cœur n’est pas de pierre, monsieur ! Toujours est-il que le paysan décidait de s’asseoir à une table près de la fenêtre et que…

— Un instant, madame, celle qui fait face au puits ?, interrompt Sagatt.

— Oui, c’est cela monsieur ! Je disais que ceux-ci s’appellaient Jacsus, le paysan, et Maskus le capé. Je vous le dis ceci car ils échangeaient des paroles !

— Du genre ?

— Oh !… de la pluie et du bon temps… Je leur avais servi du vin chaud. J’avais cependant entendu des inquiétudes comme : « J’espère qu’il ne nous a pas répérés » ou quelque chose comme ça, monsieur. Ils restaient là sans mot dire pendant une demi-heure environ… Le paysan, un peu nerveux, se contenta de se pencher sur les volets à moitié fermés pour voir je ne sais quoi…

— Continuez madame, encourage souriant le géant.

— Tout à coup, J’avais entendu un horrible cri… (La grosse femme perle de peur). Et J’avais entendu Jachsus, heu… pardon Jacsus s’exclamer à haute voix et tout pâle : « Elle a osé faire ça !!! Ce n’est pas possible !!! » L’autre l’a intimidé de se calmer !… Et ils étaient restés cinq minutes à peu près… Moi, j’étais clouée sur place… Pensez ! Un cri, ce n’est pas hylien !, s’exclame la femme qui pose ses mains sur sa grosse poitrine haletante.

— Je vous comprends. Et ensuite ils étaient sortis ?

— Oui, oui monsieur ! C’est que la pluie vennait de cesser.

— Rien d’autre à signaler ?

— Non monsieur.

Ils quittent en remerciant la femme pour son aide. Link demande à Sagatt qui a très bien pu éliminer si ce ne sont pas les deux compères. Sagatt donne sa version : soit c’est l’un des villageois qui avait fait le sale coup, soit c’était quelqu’un de l’extérieur qui n’avait pas été mentionné par le vieux chef, soit Sagatt ne sait pas. Le soldat avait donné des garanties que quelqu’un n’était pas entré au village à parti du chemin de la montagne, il ne reste que le cimetière. En effet, ce quelqu’un a très bien pu s’y cacher en attendant le moment propice pour préméditer son meurtre.

En s’y rendant et au bout de l’interrogatoire du fossoyeur, ils n’obtiennent que des réponses laconiques : personne n’était formellement venu le jour et rester au cimetière pendant la nuit c’est courir au suicide vu le pullulement des fantômes. Ce qui est confirmé par Link qui dut affronter les âmes méchantes du cimetière dans le passé et le futur. N’obtenant rien de plus, on décide de mettre à terme l’enquête.

En se promenant avec Link, Sagatt s’interroge. Quelles raisons poussent les deux hyliens à se rendre à Cocorico ? Et sous quels ordres s’il existe ces ordres ? Leur chef n’est-il pas Pandore, la jeune femme redoutable que Sagatt avait affrontée dans la précédente guerre ? Cela expliquerait alors le lien qui unit Pandore à Arnaqua. Car je me souviens des paroles de Pandore desquelles elle m’avait dit chercher quelque chose de grandiose, autrement dit le Saint-Royaume ? Mais pourquoi envoyer les deux novices au village puisque tout le monde sait à présent qui étaient ceux-ci ? Se peut-il qu’ils viennent dans le but d’intercepter Arnaqua ? Dans ce cas, l’avaient-ils éliminé juste après leur passage au gîte ? Mais ce n’est pas très clair car dans ce cas là, Arnaqua aurait crié deux fois en mourrant trucidé par l’un des compères, surtout après l’horrible cri qui avait effrayé la grosse dame. Et surout, avec qui Arnaqua avait-il rendez-vous ? Avec les deux mecs ? Ou avec une autre personne ? Et pour quelles raisons ? Ainsi Sagatt poursuit ses réflexions en constatant qu’il devient de plus en plus mou dans son enquête.

Link et Sagatt retournent au château.

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