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Chapitre 16 : La prophétie de la jeune voyante

— Nous voici arrivés !, crie Sagatt.

Les deux compagnons d’armes et la fée sont sur l’une des barques de pêche qu’ils avaient louée. Ils avaient mis leurs chevaux à l’abri avant de prendre la mer. Ils avaient traversé la terre liquide. Cela n’avait même pas duré plus d’une heure, à l’aide de voile spécialement affrétée en cas de tempête. Mais cette colère des nuages n’était point présent, pourtant Sagatt n’avait pas hésité à l’utiliser, pressé comme il était !

Link et son amie observent à présent l’île. Elle est dominée par un énorme doigt de terre qui monte de la terre au ciel. Ce doigt bizarre doit être le « péril des voyages ». Curieux nom ! Il aide plutôt les voyageurs qu’il ne les engloutit ! se dit le petit elfe. Comme il y a peu de nuages gris, ils peuvent facilement apercevoir le piton rocheux muni de lierres, d’arbres dans sa première moitié. A l’autre moitié en allant vers le haut, le piton est nu et rocheux, sans espace verte et verdoyante. Au dessus du piton, une forêt garde le doigt. Encore en dessus du royaume sylvestre, un petit village. A mesure que la barque approche du mouillage, ils peuvent encore observer ce village dans ses détails.

Le village est fait de maisons en bois dans sa majeure partie, le reste consistant en pierre ou brique séché. A part la rue principale qui va tout droit au piton via la forêt, on ne remarque aucun rue digne du nom. Le village a été construit dans un certain désordre ! Excepté le mouillage pour des petits bateaux, une embarcation en pierre sert de refuge pour de gros vaisseaux. Link pose enfin son pied dans un sable doux et marron clair. Sagatt vient de jeter son ancre.

Ils remontent le village, ne rencontrant que peu d’individus originaires d’Hyrule. En effet, le village est principalement constitué de race d’humains. Je n’ai pas manqué de remarquer que ce village est encastré par d’énormes amas de rochers. Il me fait un peu penser à mon village kokiri avec sa clairière de village et ses deux entrées, sauf que l’entrée du village est la mer ! Link et la fée entendent de petits commentaires acides sur eux de la part des villageois, peu accueillants. En remarquant Sagatt qui accompagne l’enfant et la fée, les villageois se taisent, se contentant de fumer ou de jouer à leurs propres jeux.

Sagatt prie ses amis de bien vouloir ne pas faire attention à ces plaisanteries. Non loin de là, un voleur mal rasé dérobe une petite bourse d’un passager en découpant la lanière qui accrochait le sac. Il poursuit alors tranquillement quand il voit soudain, très surpris, Sagatt. Il ignore que celui-ci est de retour dans un bref délai. Pour toute réponse et n’ayant pas envie de l’arrêter, le géant le frappe au nez d’un coup de crâne. Le voleur tombe en tentant d’arrêter du sang coulant du nez. Sagatt lui prend la bourse et va la ramener au passager, interloqué de remarquer que la sienne n’était plus en sa possession, voici un moment.

Revenu de cette scène passagère, Sagatt invite les autres à venir rendre visite à son amie d’enfance :

— D’ailleurs, elle a hérité des dons de sa mère, récemment décédée et qui était voyante.

Le kokiri opine du chef, suit l’adulte en se perdant dans les dédales du labyrinthe des rues malpropres. Ils parviennent à une maison agréable, accostée à un mur taillé dans la roche. Il pénètre à l’intérieur suivi de la fée. L’ancien policier vient d’appeler son amie d’enfance. Cette amie répond en venant d’une autre salle et embrasse Sagatt, d’un baiser timide.

— Bonjour Magalène

— Bonjour Sagatt, répond aimablement en rougissant avant de se faire présenter Navi et Link.

Magalène est une agréable jeune femme de 21 ans. Elle a de longs cheveux noirs tombant sur ses épaules jusqu’à la naissance de ses petits seins. Elle a un visage charmeur, sans être très joli. Elle a des lèvres légèrement minces, des yeux noirs, plusieurs mèches de cheveux tombant sur son front. Elle porte une robe lourde brodée dans du velours jaune.

Elle s’assoit à même le sol et leur demande ce qu’ils sont venus faire à part des mots de politesse. Sagatt la taquine en lui demandant de bien interroger un tout, tout petit avenir. Ce à quoi Magalène accepte bien volontiers. Navi comprend l’un des troubles de Magalène : elle est amoureuse du géant et celui-ci n’en semble pas tenir connaissance ! Dire que Sagatt a prétendu que Magalène est son amie d’enfance alors qu’ils ont plus de dix ans d’écart !

Magalène lève la tête, regarde le plafond comme pour interroger des astres :

— Je vois six…étoiles. Deux étoiles ne sont plus que des naines blanches. L’une étoile est sur le point de naître… mais pas avant longtemps. Je vois encore trois étoiles qui brillent d’un grand éclat, surtout deux étoiles majestueux !… Une étoile brille d’un éclat énorme alors que l’autre brille de plus en plus !… (un silence tombe). Mais !… Je vois encore que l’étoile majestueuse devient rapidement rouge… Elle semble vouloir s’en prendre à l’autre étoile !… Oh ! Que ce choc est terrifiant !

Ceux qui l’écoutent ont la gorge nouée.

— L’étoile rouge s’éteint aussi vite qu’elle était rougie. L’étoile qui l’a vaincu, brille à présent… énormément… Elle devient… un soleil… Je vois encore l’étoile qui n’était pas encore née venir au monde… Ce sera le sixième et dernier astre avant de mourir…

Ils se regardent ce que peut bien vouloir l’étrange prophétie dont ils n’y comprennent que goutte. Magalène dit que c’est la seule prophétie qu’elle puisse présenter et qu’elle n’est pas aussi douée que sa mère. Sagatt se lève, sourit et met sa main sur l’épaule de la voyante qui frémit un peu :

— Ce n’est pas grave… Nous nous contenterons de ce fretin menu… Tu ne t’inquiètes pas de savoir ce qui nous était arrivé ?

— Je te connais très bien. Tu es toujours du genre à se mêler des problèmes. Depuis notre enfance, tu ne cesses de t’interroger sur des petites énigmes.

Il en convient et décide d’accompagner Link au piton rocheux. Cependant, Magalène avertit Link des dangers l’encourant et ce à quoi il doit être très vigilant. Elle avait pressenti ces dangers sans savoir vers qui ils étaient désignés. Elle leur dit qu’ils sont dirigés contre Link. Les trois la remercient et quittent l’endroit.

Ils remontent encore le village jusqu’à la forêt. Ils n’y rencontrent aucune difficulté. Finalement, après quelques longues minutes de randonnée, ils sont devant une énorme entrée du « péril des voyages ». Le géant leur explique qu’aucun villageois ou voyageurs ne s’était risqué à y pénétrer. Lui-même avait été interdit par sa mère d’y entrer ! Il respecte toujours l’interdit. Pour cette raison et parce qu’il a des choses à faire, il ne désire pas accompagner le héros du temps et la fée des bois. Ils acceptent son excuse. Ils se préparent à entrer dans l’antre du piton.

Ils entrent dans le premier donjon…

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